Métiers de l’environnement : Recyclage, transformation des déchets plastiques en divers produits, les métiers de l’avenir

Au cours des dernières années, la jeune génération africaine surtout féminine, mobilise son  énergie, son savoir-faire et surtout son pouvoir politique pour relever les ambitions climatiques en entreprenant des actions durables.

Écologiste et discrète, Mariam Mohamed Keïta, diplômée en Gestion informatique et comptable se trouve aujourd’hui à la tête d’une entreprise de transformation écologique. Elle s’est lancée dans la transformation des déchets plastiques en pavées, en briques et des articles divers.

 Dans une interview exclusive, la jeune entrepreneure nous parle de son parcours et ses ambitions en faveur de la transformation écologique en Guinée.

Lors de ses démarches pour un premier emploi, qui l’ont amenée à sillonner bon nombre des rues de la capitale ‘’Conakry’’, elle a remarqué qu’il y a des ‘’frustrations’’ au niveau de la gestion des déchets plastiques. Des déchets  qui, le plus souvent finissent leur course dans la nature, dans les rues, inondent les réseaux d’évacuation des eaux usées, dans des décharges ou encore dans l’océan.

 Volontaire à la croix rouge guinéenne, en 2016, Mariam Mohamed Keïta, a bénéficié d’un apport du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD) dans le cadre du programme de soutien aux jeunes volontaires qui ont participé à l’éradication de la maladie à virus Ebola.

« J’étais parmi ces 450 jeunes récipiendaires ayant suivi une formation sur l’entrepreneuriat,  organisée par l’ONG ‘’Osé Innover’’ et financé par le PNUD. Et sur les 450 personnes, dix (10) jeunes ont été retenus pour le programme d’Aide à la création d’entreprise », a-t-elle expliqué.

Poursuivant, elle a souligné que « l’idée m’est venue à la sortie de cette formation sur l’entrepreneuriat qui disait que, l’entrepreneuriat c’est de transformer les frustrations en opportunité. Et là, le problème des déchets plastiques était ma plus grande frustration. Je me suis dit que je devais trouver une solution ».

« Je me suis posée la question de savoir : Est-ce que je peux trouver  une opportunité à cette frustration » ? D’où l’idée de création de Binédou Global Service BGS RECIPLAST

Crée en 2019, Binédou Global Service BGS RECIPLAST sis au Km 36 (Coyah) est une entreprise spécialisée dans la collecte et la transformation des déchets plastiques. Avec un financement seulement de 5000 dollars US (assistance du PNUD),  Mariam Mohamed Keïta est parvenue à  mettre en place sa ‘’petite entreprise’’.

Grâce à cet apport significatif du PNUD, BGS RECIPLAST s’est doté d’un local, de certains équipements (Cuves de fonte, pèles, les tables en fer, des broies….), en plus du matériels divers (gants, brosses, râteaux…..). Cependant, cet apport bien que modeste à l’atout d’être porteur pour la jeune dame.

Si elle s’est intéressée à la cause environnementale,  c’est parce qu’elle a toujours vu la défense de l’environnement comme une évidence.

Pour ce faire, n’ayant aucune expérience, elle  a rencontré quelques difficultés quant à l’acceptation en tant que femme. Mais elle s’est investie pour surmonter les obstacles notamment les préjugés basés sur le genre dans le domaine entrepreneurial. Un stéréotype qui perdure et dont les conséquences se font ressentir bien en dehors des foyers.

Malgré des remarques négatives à son choix de métier, elle s’est fixée comme objectif principal de « rendre les déchets plastiques utiles à l’homme ».

En récupérant de plus en plus de plastiques, pour alimenter sa petite usine de transformation de déchets plastiques en pavées, briques et autres articles. Une technique qui sera de même un complément de recyclage, mais aussi va contribuer à la création de filières et d’emplois, de revenus et de richesse.

Une manière pour les femmes de s’investir dans le développement durable notamment en passant par la protection de l’Environnement.

Selon la patronne  de BGS RECIPLAST : « C’est un travail que j’ai commencé sans aucune expérience et qui avait besoin de beaucoup plus d’attentions. On travaillait dans des cuves de fonte que le PNUD nous avait achetées, mais grâce au prix remporté lors du Salon des Entrepreneurs de Guinée (SADEN), et toujours avec l’appui du PNUD,  nous avons pu acheter  une petite machine locale qui nous permet aujourd’hui de faire notre production en petite quantité, malgré qu’on aimerait dépasser cette étape. Mais néanmoins on remercie les donateurs », a-t-elle dit.

En deux ans seulement, cette petite entreprise emploie 10 personnes dont 08 femmes et 02 hommes. Depuis l’acquisition de la nouvelle machine, l’entreprise a vu ses conditions de travail nettement améliorées. Les moyens rudimentaires dont se servaient les travailleurs tendent de plus en plus à n’être qu’un lointain souvenir. Le temps de confection de pavées et de briques  qui était d’une journée entière n’est plus que de 06 heures par jours.

« Cette nouvelle technique m’as permis d’améliorer la qualité de mon travail. La valeur marchande de nos produits s’est nettement améliorée du fait de la diminution du temps de conception des produits », se réjouit-elle. Tout en ajoutant que : « Malgré cette avancée quantitative la production est pour le moment destinée à la consommation locale. On aimerait bien que nos produits soient reconnus au-delà des frontières guinéennes pour se faire beaucoup d’argent. Mais qu’a même on a de l’espoir »

 S’agissant de ses ambitions, son plus grand rêve est d’industrialiser son entreprise. Pour y arriver,  la jeune dame énumère quelques besoins : « Pour cela, nous avons besoin de beaucoup de matériels. Et dans un délai de 3 ans,  je compte employer 150 jeunes hommes et 1000 femmes, il y aura des emplois direct et indirect, mais elle souhaiterait que l’entreprise soit majoritairement dominée par les femmes. C’est mon souhait. Pour le moment nous n’avons pas assez de moyens,  on ne veut pas vraiment écarter les hommes, mais on veut vraiment montrer aux hommes aussi que nous les femmes nous pouvons aussi faire des choses qui leurs sont destinées.»

Quant à savoir où elle se voit dans dix ans, elle reste optimiste. « Nous avons beaucoup d’idée mais les moyens ne sont pas à notre portée. On veut aussi que la protection de l’environnement  soit assurée. Mais si le gouvernement guinéen, les entreprises privées et la société civile  pouvaient nous venir en aide, afin qu’on puisse mettre en place un système qui nous permettra de passer d’une tonne par mois, à cinq (05) voire dix (10) tonnes par mois », a fait savoir la PDG de de BGS RECIPLAST.

De nos jours en Guinée, plusieurs organismes qui œuvrent en ce sens, ne cessent de multiplier les campagnes de sensibilisation et d’information en vue de permettre à la population de se familiariser avec la mission de déchets utiles. En conjuguant le recyclage et la valorisation énergétique, tous les déchets plastiques y trouveront une destination finale.

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