Niger : Agadez se vide peu à peu des migrants

Les « ghettos », maisons où sont logés les migrants pendant leur séjour sont presque vides.
Au quartier Misirata situé à l’entrée de la ville d’Agadez, on dénombre plus d’une trentaine de ghettos.
Nous avons rencontré Seydou Ba, dans l’une de ces maisons. Âgé d’une trentaine d’années, il est originaire du Sénégal et vit depuis dix-mois à Agadez.

Selon lui, la maison accueillait plus de 500 personnes par semaine, mais aujourd’hui, il est l’un des derniers occupants. Même ceux qui s’occupent des ghettos ont abandonné le travail, explique M. Ba.
« Le nombre de migrants a chuté ces 5 derniers mois dans les ghettos d’Agadez. On nous a tous dit de quitter le coin et depuis lors, moi je me débrouille. J’ai un petit kiosque et je vends de la nourriture aux gens qui sont dans le quartier », poursuit-il.
Et d’ajouter : « Je suis resté parce que je n’avais pas les moyens de continuer la route vers l’Europe. Actuellement, je suis découragé de prendre cette route car beaucoup de mes amis sont rentrés chez eux. Si je gagne un peu d’argent je vais rentrer dans mon pays ».
Manager d’un ghetto, le nigérien Moussa Ali confirme le départ des migrants d’Agadez. « Il n’y a presque plus de migrants à part quelques-uns qui sont restés d’eux-mêmes. Derrière le rideau, je fais toujours mon métier mais, je sais que plusieurs passeurs ont changé d’itinéraire pour rejoindre la Libye », indique-t-il.

Le Niger, l’un des principaux pays de transit des migrants, a signé mi-décembre 2016, un nombre de conventions de financement à hauteur de 500 millions d’euros avec l’Union européenne.
Une partie de ces fonds servira à gérer le flux migratoire.
A Agadez, ceux qui interviennent dans le secteur de la migration irrégulière à savoir passeurs, chauffeurs, convoyeurs, propriétaires de véhicules, responsables de ghettos, restaurateurs, ont annoncé le week-end dernier, la fin de leurs activités.

copyright Oumarou Hama Saley

Plus de trois cent personnes se sont donc regroupées pour la première fois, depuis l’adoption de la loi 2015- 36 du 26 mai 2015 relative au trafic illicite de migrants.
Réunis en Assemblée générale au gouvernorat d’Agadez, les acteurs directs et indirects du secteur de la migration ont examiné la situation née des mesures adoptées par les autorités nigériennes dans le cadre de la lutte contre la migration clandestine.
Dans leur déclaration finale lue devant les autorités régionales, ils ont indiqué avoir « compris le contexte général ayant conduit » le Niger à adopter « les mesures correctives en lien avec la migration illicite ».

« Nous déclarons avoir abandonné toute prestation de service aux réseaux de la migration irrégulière », a souligné Amadou Oumarou, Secrétaire Général du comité des prestataires de la migration.
En contrepartie, le comité a demandé l’appui des autorités, notamment un plan de reconversion et d’insertion sociale ainsi que la libération de leurs camarades qui sont en prison.

« Nous demandons au porteur de projet en lien avec la migration d’accélérer leur mise en œuvre au seul profit des acteurs directs et indirects du secteur pour soulager les souffrances », a ajouté M. Oumarou.
Le gouverneur de la région d’Agadez, Sadou Saloké, a indiqué avoir pris acte de cette déclaration et a promis le soutien des autorités.

« Nous accueillons avec satisfaction la déclaration des prestataires de la migration. Cela va nous permettre de les insérer dans le programme de reconversion visant à développer la région d’Agadez, car c’est cette même jeunesse qui est l’avenir du Niger », a affirmé le gouverneur.
Le nombre de migrants qui ont tenté de passer la frontière avec la Libye ou l’Algérie à partir de la région d’Agadez, est à la baisse depuis mi-2016.
De plus de 48.000 migrants sortants en juillet 2016, ce chiffre est passé à 1.525 en novembre. C’est ce qu’a indiqué, en janvier dernier, l’agence de coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA-Niger), dans son dernier rapport.

Omar H Saley

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About Omar H Saley

Omar is a journalist from Niger. He has worked at the web TV of Mali and Sahelien.com as a correspondent in Niamey. Omar works for many international media on the themes of jihadism or illegal migration by becoming a stringer of the Deutsche Welles Academy and works in parallel as a correspondent for the program "Nos Histoires Africaines" in Niamey. In 2016 he received two prizes including the first national prize of the Maison de la Presse in Niger.