La république de Guinée considérée comme le château d’eau de l’Afrique de l’Ouest subit de plein fouet les méfaits du changement climatique sous l’effet des actions de l’homme sur le couvert végétal du pays.
Dans le cadre de la lutte contre l’exploitation clandestine et abusive de la flore, le ministère de l’Environnement, des Eaux et Forêts (MEEF) interdit, à compter du lundi 14 juin, ‘’la coupe et le transport du bois sur toute l’étendue du territoire national, et ce, jusqu’à nouvel ordre’’, à seulement vingt (20) jours du début de la date (02 juillet) des trois mois du repos biologique, période du reboisement.
La délivrance de permis de coupe est également interdite. Une mesure justifiée par le ministère par le ‘’constat de coupe abusive et l’exploitation illicite des ressources forestières’’.
Cette décision survient après la suspension par le Ministre d’Etat, ministre de l’environnement de nombreux gardes forestiers, suite au scandale révélé de la coupe et du trafic illicites du bois (plusieurs tas de madriers et de planches de Lingué, de Bani et de Fromagers) dans les préfectures de Faranah et Mamou, plus précisément à Farinta, situé à une cinquantaine de kilomètres du chef-lieu de la préfecture de Mamou qui est devenu un centre de trafic de bois entre la Guinée et la République de la Sierra Leone.
Par ailleurs, au-delà de la dégradation de l’environnement, selon un constat d’une mission menée sur le terrain par les cadres du MEEF, les autorités déplorent le laisser aller au niveau des services des Eaux et forêts, cet effet, qui se caractérise par l’insubordination des agents, la mésentente généralisée en leur service et le cautionnement de la coupe abusive des bois.
Les statistiques parlent d’elles-mêmes, la Guinée disposait en 1960, 14 millions d’hectares de forêt, dont 175 forêts classées, aujourd’hui il est estimé à 700.000 hectares, qui perd à son tour 35 hectares par an à cause de la déforestation causée par la carbonisation, l’introduction de nouvelles cultures, la coupe abusive du bois mais aussi et surtout l’urbanisation sauvage.
A rappeler que depuis plusieurs mois, des citoyens se livraient à l’exploitation illicite du bois dans les différents secteurs de la sous-préfecture de Ouré-Kaba. Des bois qui devraient servir à la commercialisation, précise-t-on.
Surpris par cette interdiction, les opérateurs de la filière bois s’indignent de la prise d’une telle décision sans aucune concertation préalable, sachant que la plupart d’entre eux se préparaient pour faire venir leurs marchandises avant le début du repos biologique, mais aussi ils plaident pour l’allègement de la mesure.
« Le gouvernement doit revoir sa décision afin de nous permettre d’acheminer notre marchandise déjà disponible. Vu que le bois ne peut plus être replanté, avant que le feu de brousse ou la pluie les réduisent à néant », s’inquiète Sékou Keïta, fournisseur du bois brut.
Pas seulement que des opérateurs de la filière bois, certains observateurs estiment qu’en principe les opérateurs et partenaires devraient être informés, associés à de telles décisions.
Selon les autorités, l’objectif de cette interdiction est de freiner la dégradation poussée des forêts en Guinée, notamment l’interdiction de la coupe abusive des bois, l’exploitation rationnelle des ressources forestières et le reboisement continu à travers la campagne nationale de reboisement.
Mais aussi, il s’agit de la prévention, de la protection qui rime avec les engagements pris par le Chef de l’Etat Pr. Alpha Condé à la COP 21 de Paris dans le cadre de l’atténuation face au changement climatique.